LE MONDE GREC
Iles de Carie
Caunos. Statère vers 430-410 av. J.-C. Figure féminine ailée se déplaçant vers la gauche, la tête à droite, tenant un caducée et une couronne / Bétyle pyramidal entre deux grappes de raisin suspendues, triangle inversé en haut à gauche. 11,37g. BMC 8 (mêmes coins); De Luynes 2776 (mêmes coins); Troxell 27.

Très bel exemplaire.

Collection Jonathan P. Rosen
Roma XIII (mars 2017), 330.
Triton XXIII (janvier 2020), 428.

Cette monnaie est attribuée à Caunos. Cette cité située sur la côte sud de l’Anatolie fut un port important de la côte carienne qui commença à frapper monnaie vers le Vème siècle av. J.-C. Cet atelier serait le lieu d’émission de la série des « Winged Carians » : des statères et leurs divisions, ornés de personnages féminins et masculins ailés dont est issu cet exemplaire.
Le monnayage et la langue antique de cette région demeurent relativement méconnus de nos jours, si bien que les monnaies cariennes ont longtemps été appelées les « incertaines de Carie » avant d’être attribuées avec certitude à Caunos il y a une vingtaine d'années. Les hypothèses liées à la signification de l’avers font de cette femme une Niké, une Irène (qui incarne la paix) ou encore une Iris. Les attributs du personnage, un Kerykeion (caducée) dans la main droite et une couronne dans la gauche, rendent l’hypothèse d’Iris davantage plausible. Le revers quant à lui, représente un bétyle pyramidal, correspondant à une « Maison de Dieu ». Ils étaient des objets de culte pour la population locale. Les recherches archéologiques sur le site de Caunos ont permis de retrouver en 1991, un morceau conique de calcaire brisé en deux parties, datant du Vème siècle av. J.-C. On peut alors se demander si ce bétyle n’est pas une reproduction de celui de Caunos même, qui était vénéré par ses habitants. Ces objets étaient connus pour être des météorites envoyées par les dieux. La présence d’Iris la messagère est à cet égard cohérente pour la monnaie d'une ville qui aurait elle-même reçu un message des cieux. Ces monnaies sont particulièrement mystérieuses, et leurs motifs n’ont pas encore livré tous leurs secrets.